Dakan, Witness of Ages

Promis un de ces jours je vous file la carte, c'est trop cruel.

IV°) Sables mouvants.

« Bouge-toi de là, manant ! »
« Oui, seigneur ! »
« Aah, comme j’aime ce pays ! »
Un petit groupe de trois personnes visiblement étrangères se frayait un chemin à grands coups d’insultes parmi une foule dense. La ville portuaire croulait sous un trafic important ce jour là, et le fait que la température avoisinant celle nécessaire pour cuire un steak n’arrangeait franchement pas l’humeur des habitants.
« Kalagor, ce n’est pas parce que tu as passé 150 ans ici que tu dois te conduire en maître ! » protesta Dakan.
Mahag ne se lassait visiblement pas de s’étonner de ses étranges compagnons.
« Il a passé 150 ans ici ? Mais pour faire quoi ? »
« Plus exactement dans le désert de la Cité Morte. Pour fusionner avec un autre aspect du feu que je ne maîtrisais pas, et pour mener à bien mes recherches. »
« Des recherches ? Toi ? »
« Si tu veux me vexer, c’est raté, essuyer mes chaussures souillées par Dragonnia sur ces passants m’a soulagé. Je faisais des recherches sur le passé de ce monde. On remarqué, Ulthuan et moi, que de Saïs à l’Île du Cauchemar, deux types d’architectures sont omniprésents. J’ai découvert que ces architectures viennent des deux vagues de colonisation de la planète : ceux que j’allais plus tard connaître sous le nom de Xénos, et les Humains. Ils ont tous deux érigé des villes très spéciales, huit en tout, qui ont pour capacité de puiser dans le noyau d’énergie de la planète de la magie. Ce sont les Pôles. Na’Bako est l’un d’eux, c’est d’ailleurs là où les Xénos ont débarqué. »
Mahag resta bouche bée. Apparemment, sous ses apparences incultes, Kalagor cachait une intelligence appréciable et une très grande curiosité scientifique. Seulement, il le cachait très bien…
Dakan prit la parole :
« Sur ce coup, tu m’as étonné. Qui aurait pu deviner que c’était Tyr Tirionis le Pôle qu’on cherchait ? Enfin bon, ce n’est pas le sujet. On va quitter la ville par la porte nord-est. On a une longue route à faire dans le désert, surtout que la route a été sabotée par la Résistance. »
Sous les indications de Dakan, ils sortirent de la ville sous les regards impressionnés des passants : ils partaient pour la mort.
« On est où exactement ? » demanda Kalagor.
« Dans la trouée entre les deux plateaux rocheux de l’Ouest de Lathea. On va suivre la vallée jusqu’au désert. Là, on a intérêt à se dépêcher, parce qu’on en a pour trois semaines d’eau. »
« Pourquoi on n’a pas pris un chasseur de l’Archonte ? » s’étonna Mahag.
« Ulthuan a remis les Pôles en route. Les tempêtes magnétiques ont repris leur cours sur Lathea. C’est le continent le plus magique après Dragonnia. » répondit Kalagor.
De part et d’autre du ravin où ils étaient, deux falaises rocheuses légèrement orangées. Leur structure était étrange : elles semblaient trouées de toutes part, formant un amas de roches coupantes comme un couteau. Ils continuèrent ainsi à discuter tout en marchant jusqu’à que la nuit tombe. Ce jour là ils bivouaquèrent dans un trou un peu plus gros que les autres. La nuit sur la roche était peu agréable, mais au moins aucun être vivant n’était présent dans les environs.
Le lendemain matin, alors que le ciel irisé s’éclairait lentement par la lumière de l’aurore, ils se remirent en route. Kalagor en profita pour raconter son histoire à Mahag. Prudemment, Dakan emmenait son grille-pain et les devançait de loin.
« …et c’est ainsi que, alors que je venais juste d’avoir 7 ans, je reçus … » narrait Kalagor, maintenant d’une poigne de fer un Mahag qui soudain avait arrêté de marcher.
« Eh, ne me fais pas le coup de la panne, hein ! Ulthuan a déjà essayé… »
« Attends, j’ai entendu quelque chose ! DAKAN ! » Mais Dakan ne répondit pas à l’appel.
Un bruit se fit entendre sur la falaise.
« On est dans la m… » commença Kalagor
« Le trou ! » chuchota Mahag, avant de se réfugier dans une cavité salvatrice. Kalagor le suivit. Les bruits s’intensifièrent, devenant bientôt des pas lourds qui martelaient le sol sur un rythme défini et continu. Quelques pierres tombèrent dans le ravin, occasionnant des sursauts chez un Mahag terrorisé.
« BOUH ! »
« AHHHH ! »
« Je t’ai fait peur, héhéhé… »
« Comment peut-on être aussi stup… »
Des bruits de pas se rapprochèrent. L’homme cherchait visiblement quelque chose.
« Peut-être que c’est Nauthul ! Il a sûrement deviné qu’on était là, on est morts ! »
« Je n’aurais jamais cru que quelqu’un puisse me battre en matière de suppositions foireuses… Il faudrait que je parle de toi à Ulthuan ! » dit un Kalagor enchanté.
Soudain, l’ouverture du trou fut obstruée par un corps.
« AH ! »
Mahag se rua sur le nouveau venu, essayant de le rouer de coups. Il reçut pour toute réponse une décharge d’énergie qui le projeta à terre.
« Vous voilà les gars ! Je vous ai cherché partout, j’ai cru que c’était vous qu’ils avaient pris ! »
Dakan prit le corps inanimé de Mahag et le hissa à l’extérieur. Kalagor sortit à son tour.
« T’as une idée de ce qui nous est passé dessus ? »
« Viens, tu vas comprendre. »
Dakan se mit à courir sur les rochers, les escaladant avec une aisance déconcertante. Kalagor en fit pourtant de même, malgré sa masse imposante. Enfin, ils arrivèrent en haut de la falaise, pour contempler un spectacle auquel assistent d’habitude les êtres dont l’espérance de vie est en chute libre depuis peu de temps.
Des milliers de T.I déferlaient sur le plateau, harnachés dans leurs armures énergétiques, le bolter dans une main, la flamberge dans une autre. Ils n’étaient pas très nombreux, mais chacun valait trois soldats au combat.
« Ils vont où ? »
« Il faut qu’on accélère le train !! Ils vont à Na’Bako, il faut prévenir Ulthuan de toute urgence ! »
« On envoie Mahag ! »
Ledit Mahag veillait soigneusement à rester couché sur le sol. Cela dit, après quelques baffes, il fut à nouveau disposé à écouter.
Le groupe se sépara ainsi, Mahag retournant sur ses pas pour prévenir Ulthuan de toute urgence, Kalagor et Dakan tentant d’atteindre Na’Bako avant l’ennemi.
« Prenons par le ravin, c’est plus rapide. » informa Kalagor.
« Tu es sûr ? »
« J’ai vécu pas loin d’ici, alors pour faire les courses… »
Ils plongèrent donc au fond du Gouffre. Marchant à un rythme rapide, ils progressèrent ainsi pendant une journée. Le lendemain, ils arrivèrent à la fin du plateau : le ravin s’amincissait pour devenir un tunnel.
« Ca débouche directement sur le désert ! On y va ! » lança Kalagor.
« Ok. »
Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’était qu’ils avaient dépassé l’armée T.I. Ce qu’ils avaient encore moins prévu, c’était de tomber sur l’avant-garde.
Un coup de feu retentit, mais le projectile explosa une pierre à côté de Dakan.
« Des snipers ! On fonce dans le tunnel ! » Kalagor se rua vers l’avant, Dakan sur ses talons.
Enfin, il atteignit le tunnel. La lumière tamisée du jour l’éclairait, et il pouvait même entendre le son d’une minuscule cascade.
« On les a eus, pas vrai Dak… »
Dakan n’était plus derrière lui.

V°) Destins convergents.

La salle était couverte d’un blanc nacré, donnant à l’endroit l’aspect d’un écrin. Au centre se tenait un homme. Avec deux ailes dans le dos.
« Seigneur Ulthuan, des troupes ennemies convergent vers Na’Bako. Ils sont des milliers. »
« Je sais, Kaël, je sais. Faites renforcer les défenses. Nauthul ne m’aura pas. »
« Ce pourrait être une diversion… »
« Non. Je le sais grâce au grille-pain… »
« Au quoi ? »
« Laissez tomber. Que Seal prenne son envol vers la Cité-Mère. »
« La Cité-Mère, mais c’est Na’Bako qui est attaquée… »
« Je sais ce que je fais. Nous ne serions jamais là à temps si on volait directement vers Lathea. »
« Et les chasseurs ? »
« Je ne veux pas désactiver les tempêtes électromagnétiques autour de Na’Bako. Elles sont trop importantes. »
« Il en sera fait ainsi, selon vos désirs, Archonte. »
Ulthuan, à nouveau seul, se pencha vers le bassin où se reflétaient les destinées des différents points stratégiques. Il se mit à parler, songeur :
« Etonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux faits d’astres et d’éthers.
Dites, qu’avez-vous vu ? »

Deux hommes s’approchèrent du corps en sautillant sur les rochers.
« Tu penses qu’il est encore vivant ? »
« Monte la garde, l’autre ne doit pas être loin. »
Splach.
« Splach ? »
Splach.
Une forme avait surgi, l’épée à la main.
« Et meeerde… Dakan, réveille-toi ! »
Il n’eut pour réponse que le vent du désert annonçant une clameur immense. L’armée de Nauthul avançait.
Bon ! Tant pis.
Il prit le corps inanimé de Dakan et s’enfonça dans le tunnel.

« Commandant Thanatos, nous sommes en orbite autour d’Aeternia. »
« Envoyez les sondes. Je veux savoir où Nauthul se cache. Et, envoyez un détachement sur ce continent désert à l’est. »
« Les compteurs indiquent une activité électromagnétique trop forte. Nous nous écraserions. »
« Alors gardez les sondes. J’ai une autre idée… »
Il se retourna et scruta le reflet de la planète qu’il avait projeté de sauver, uniquement par vengeance.

L’éclat brumeux du regard de celui qui a trop dormi sans sommeil accueillit Dakan au réveil. Il promena son regard sur son environnement. C’était une maison rude mais bien meublée. Ca et là traînaient des instruments de mesures visiblement usagés et des croquis d’architecture étaient attachés aux murs. Il tenta de se lever, mais ses jambes cédèrent sous son poids. Il était trop faible. En tâtant son dos à la recherche de la source du mal, il s’aperçut alors de la plaie dans son dos. Le contact avec cette chair meurtrie faillit lui faire perdre connaissance. Quelqu’un l’avait visiblement recousue avec adresse, quoique quelques peaux arrachées témoignaient de son manque de maîtrise de sa force. Enfin, il put se lever, les jambes flageolantes. Il marcha lentement jusqu’à ce qui tenait lieu de cuisine. Le désastre qui lui apparu était purement répugnant. Des déchets alimentaires si abîmés qu’on ne pouvait distinguer végétaux et chairs jonchaient le sol. Des bruits provenaient de la pièce d’à côté. En s’approchant, il se rendit compte que c’était le souffle du vent sur le sable. Lorsqu’il ouvrit, il vit le plateau environnant plus de cent mètres en contrebas. Où étaient donc les armées de Nauthul ? Enfin son cerveau remarchait. Combien de temps avait-il dormi ? Où était-il ? Et où était Kalagor ?
Il ouvrit la porte à sa gauche. Kalagor se tenait au milieu, debout, comme en transe. Des volutes de sable tournoyaient autour de lui. Soudain, il ouvrit les yeux et frappa : projetés avec la force destructrice d’un météore, les grains de sable s’écrasèrent contre la paroi.
« Tu t’amuses ? »
« Tiens, tu t’es réveillé. Ce que tu viens de voir est le fruit d’années de travail acharné. Le sable est le désert, et le désert, c’est le feu. Je suis venu ici pour étudier cet aspect de mes pouvoirs. »
« En tant qu’Avatar du Feu, c’était naturel. On est où ? »
« Chez moi. »
« Ca explique la cuisine. »
« Quoi ? »
« Rien. J’ai dormi combien de jours ? »
« Trois jours. Lors de mes méditations, j’ai vu les armées de Nauthul disparaître à l’horizon. La bataille a dû avoir lieu. Espérons que Mahag soit arrivé à temps. »

Un humain visiblement desséché entra dans la ville.
« De l’eau… Prévenir…Ulthuan. »
« Que vous est-il arrivé ? »
« Me suis perdu. »

Après un long silence, Kalagor parla :
« En fait, c’est peu probable. Je parie qu’il n’est même pas encore arrivé ! »
Il éclata de rire.
« Combien de temps on reste ici ? »
« Deux jours. Le temps que je soigne ça. Tu as perdu beaucoup de sang. Montre la blessure. »
Dakan s’exécuta. Il sentit une douce chaleur se répandre dans son corps au contact de la main de Kalagor.
« Ca se refermera demain. On repartira après-demain. »
« C’est entendu. »
« Tu veux à manger ? »
« Euh non… »
« Tu es souffrant, je vais te faire quelque chose. »
« C’est moi qui cuisine !! » s’exclama Dakan. Il se leva en un coup de tonnerre et se précipita dans la cuisine.

La Plaine Eternelle défilait sous la Cité Volante. Le squelette de Scarg, le Père de Tous les Dragons gisait toujours, blanchi par le temps et entremêlé avec celui de Mephisto, le Dragon Mécanique. Près de lui se trouvait son assassin, la carcasse de l’Yggdrasil, le Vaisseau-amiral de la Flotte Terrienne d’invasion, qui faillit détruire Aeternia lors de la Troisième Apocalypse. A l’horizon se profilait la silhouette de la plus étrange cité imaginée par des êtres vivants : Ys, La Cité-Mère, le plus puissant de tous les Pôles.
« Seigneur Ulthuan. Nous sommes prêts. »
« Actionnez les réflecteurs. Préparez le Portail. »
« Qu’allez-vous faire ? »
« Plonger au fond du Gouffre… Cette Cité est un Portail vers le Plan Psychique. Là-bas, les distances ne sont plus rien. Na’Bako sera à portée de main. »
« Et comment ouvrir ce Portail ? »
« J’y vais ! Je l’ai déjà ouvert une fois… »

« Sk’rii, voici la planète de notre destin à tous. Préparez vos hommes. C’est là qu’ils accompliront le leur. »
« Commandant, quel que soit le mal que vous ayez pu causer, menez votre mission à bien et vous serez le plus grand de tous les Terra Imperator. Rutherford compris. »
« Préparez les sondes et les modules de débarquement. Je veux uniquement que les hommes qui débarqueront là-bas soient sûrs et ne lâchent rien de nos secrets. C’est capital. »
« Bien. »
« Quelle ironie. Le premier combat fratricide entre T.I de l’histoire, et c’est moi qui vais le commander. »
« Vous descendez sur Aeternia ? »
« Non. Je vous laisse le commandement des opérations. J’ose espérer qu’Ulthuan sera au rendez-vous. »
« Et Kail ? »
« Et Kail. »

Ulthuan franchi le portail millénaire, sous les yeux inquiets de l’Etat-major. Une larme d’émotion perla au coin de ses paupières lorsqu’il se remémora son odyssée qui l’avait mené jusqu’ici la première fois. Kiara et Slaana étaient mortes à présent. La vie l’avait séparé de Kalagor, son frère d’armes. Guidé par sa mémoire, il se dirigea sans failles dans la ville qui avait vu trois apocalypses de succéder. Enfin, il entra dans la Tour, et gravit ses étages à présent sans voix, aussi seul que son hôte. La salle des commandes. Il ouvrit la trappe et pénétra dans le lieu où s’était joué le destin d’Aeternia la dernière fois. Là, c’était sur ce siège que Kiara pestait contre ce mécanisme inconnu, là, c’était Slaana qui contemplait Kain. A présent ces souvenirs étaient morts, seul lui restait.
Le psychisme déferla dans les circuits d’Ys. Les bâtiments, comme animés d’une vie propre, se dressèrent lentement pour reprendre la place qui était la leur, il y a dix mille ans.
« Mission accomplie. »

« On y va, Kalagor ? »
« D’accord. Tu t’es suffisamment bien défendu quand j’ai voulu te faire manger, je suppose que ça veut dire que tu es guéri. » Kalagor se massait les blessures dues au combat mentionné. Sa méthode de rééducation était particulièrement efficace : le sujet savait qu’il n’avait qu’à le combattre pour ne plus manger sa cuisine, que nous qualifierons au mieux d’exotique.
« On y va. »
Kalagor franchit le seuil de sa maison du désert pour la dernière fois de sa vie.
Dakan s’élança alors dans le soleil levant.
« Sus à Na’Bako ! »

Seal avançait de plus en plus péniblement à l’approche des nuées. De l’autre côté du Portail, l’univers semblait si différent, c’était une sensation étrange. Comme un appel à l’infini. Des distances infinitésimales séparaient nos étoiles tandis que ce qui était pour nous proche était aussi lointain que le bord de l’univers.
Ulthuan se tenait sur la rambarde à l’avant de du Palais.
« Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d’un jeune passager
Entendez vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent… »
Le bord de Seal toucha le Portail.
Et tout disparut.

Je bosse actuellement sur un chapitre tres long, pour tout vous dire, je dois gérer 6 plans d'action différent, les synchroniser et les faire se rejoindre.

HRP: Je l'ai coupé en deux en fait.

VI°) Nuées.

Le voyage se passait plutôt bien. En deux jours, Kalagor et Dakan avaient parcouru plus de cent kilomètres. Ils abordaient à présent le célèbre désert de Na’Bako où tant de marins, tant de capitaines ne sont jamais allés, pour la bonne raison qu’il faut creuser deux cent mètres de sable pour trouver de l’eau. L’étendue mortifère s’étalait à présent sous leurs pieds toujours posés sur la roche affleurante du plateau.
« Pas accueillant, hein ? » commença Dakan.
« C’est le moins qu’on puisse dire ! Une fois, je me suis perdu, et là… »
« Euh, on avance. Garde ta salive, l’eau est précieuse ici. »
Tout heureux d’avoir trouvé un merveilleux prétexte pour empêcher Kalagor de raconter son histoire, Dakan se mit en route vers l’inhospitalier désert abritant en son sein Na’Bako, la Cité Morte, sa patrie.
Ils avancèrent ainsi deux jours durant, au travers de sables vivants qui virevoltaient au gré d’une insaisissable marée de forces psychiques. Dakan, intrigué, prit la parole :
« Tu vois ce nuage de poussière ? »
« La troupe de Nauthul, le combat a dû commencer ! »
« Hâtons-nous. En silence, bien sûr. » Dakan le trompe-la-mort avait encore frappé. Rongeant son frein, Kalagor avança à sa suite.

Premier jour d’assaut sur la Cité des Sables : le Siège.

Un continent. Au centre, un désert. Au milieu du désert, une cité. Morte pour être plus précis. Et même sacrément morte. Les bâtiments conservés par les sables arboraient des formes étranges et exotiques au milieu du désert inhospitalier. Cette cité était bâtie autour de ce qui semblait être un gigantesque volcan, mais des traces d’excavations prouvaient qu’il était artificiel. Dans le cratère se trouvait en réalité la partie vivante de la Cité : Na’Bako la Cité des Sables.
Bam.
Un bâtiment explosa dans un bruit de tonnerre.
Un Excruciateur T.I, espèce de gros tank en beaucoup plus méchant, venait de réduire à néant une maison. L’armée de Nauthul se creusait des artères dans la ville afin de mieux circuler.
Au bord du volcan se tenaient deux hommes habillés en blanc.
« Donne-t-on le signal ? »
« Oui. »
Des francs-tireurs apparurent au bord des maisons et commencèrent à canarder les troupes sans défenses. Les tirs ricochèrent sur les cuirasses blindées, mais quelques T.I tombèrent.
« Seigneur Nauthul, les ennemis ont tendu une embuscade. »
« Non. Une embuscade, on ne la prévoit pas. FAITES SAUTER LES CHARGES ! »
Des déflagrations soufflèrent le patrimoine architectural et archéologique le plus important d’Aeternia. La Cité Morte avait été réduite à néant.
Les poussières étaient si denses qu’il était difficile aux troupes sans masque de respirer. Repérés par leurs éternuements, les troupes de défense furent balayées en quelques instants.
« Comment avez-vous fait ? » demanda le lieutenant, admiratif au milieu des débris.
« Des escadrons sont venus la veille déposer ces merveilleuses petites machines. Combien de morts. »
L’hologramme de l’Exécuteur resté sur Eldar se brouilla et disparut.
« Bien. Le champ électromagnétique est activé… Ulthuan, ne me déçoit pas ! Ne me dis pas que c’est tout ce que tu as trouvé ? »
« Chef. Les capteurs indiquent une forte activité plasmatique du côté du volcan. »
« Le siège commence. Placez les pièces d’artillerie derrière les débris. »
« Oui, ô glorieux Empereur ! »
Son lieutenant parti, Nauthul se retourna vers le volcan d’où le narguaient les défenseurs.
« Riez tant que vous le pouvez. Le deuxième assaut que je conduis personnellement sur cette satanée Cité sera le bon. »

Le désert s’étalait devant Kalagor et Dakan. Le nuage de poussière qu’ils avaient aperçu du haut du plateau était désormais hors de vue.
« Comment on va trouver notre chemin ? » se lamenta Kalagor.
« On suit les vautours. »
« Hein ? »
« Regarde. »
Dakan désigna quelques points noirs dans le ciel.
« Mais qu’est-ce qui a pu les attirer ? »
« Je ne sais pas… »
Lorsqu’ils arrivèrent au point autour duquel tournoyait la nuée de charognards, ils constatèrent qu’un cadavre de T.I se trouvait là.
« Comment a-t-il pu mourir ? » demanda Kalagor
« Balle dans la tête. C’était un messager de Nauthul, ils se suicident après lui avoir délivré un message. »
« On n’a plus qu’à les suivre ! »
« Quelle puissance de déduction ! »
Dakan évita promptement le coup de Kalagor.

Ulthuan se tenait toujours sur le parvis de Seal. Autour de la Cité Céleste tournoyaient des reflets du monde matériels, enveloppés de la brume incertaine d’une autre réalité. Là, une planète émergeait du néant, tandis qu’une étoile explosait plus loin. Des armées gigantesques s’affrontaient en image, écho d’un passé lointain.
« Maître, que fait-on ? »
« Je me concentre. Il faut percevoir la brèche. »
« Pourriez-vous m’expliquer ? »
« Je croyais vous avoir dit que je me concentrais » soupira Ulthuan.
Il se mit à se mouvoir maladroitement.
« Enfin, tant pis, je réessayerais plus tard. Na’Bako est la seule sortie de ce monde. Cependant, j’ai parié sur le fait que le Portail était ouvert. J’ai envoyé quelqu’un pour l’ouvrir, j’espère qu’il ne s’est pas perdu en route, sinon on est fichus… »
« C’est une mission dangereuse que de rentrer dans une ville assiégée. »
« Ne vous inquiétez pas. Farath est autrement plus doué que Mahag. Elle ne se perdra pas, je la connais. »

« Atchoum ! »
Un homme visiblement étranger éternua dans la cité portuaire.
Le tenancier du restaurant dans lequel il se trouvait lui prêta attention un court instant.
« Quelqu’un doit dire du mal de vous ! »
« Mais non ! »
« Et donc, vous me parliez de pourquoi vous étiez là. Vous aviez une mission ? »
L’étranger but un coup de travers et s’étrangla. Puis il se leva d’un seul coup et détala, l’air visiblement horrifié, du bar. Visiblement, le barman avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas.

VII°) La Bataille de Na’Bako.

Troisième jour de l’assaut sur la Cité des Sables : les nuées convergent.

Un petit détachement se tenait sur un affleurement rocheux
« Commandant, on arrive en vue de la Cité. »
« Bien, préparez les troupes. »

« Général Tanharth, que fait-on ? »
Le colonel était avec son supérieur au bord de cratère en train de regarder les canons de Nauthul déverser leurs projectiles.
« Attendez, je ne comprends pas. On dirait qu’ils cherchent à nous… OH NON ! »
« Quoi ? »
« Regardez ça ! »
Il tendit les jumelles à son compagnon. Dans l’oculaire, il avait pu apercevoir des excavations de sables à la base du cratère.
« Depuis combien de jours sont-ils là ? »
« Vu le volume de sable, ils vont bientôt atteindre l’autre côté. »
« Sonnez l’alarme, c’est urgent ! »
Le colonel détala, se préparant à prévenir ses camarades de leur fin imminente.

Un messager entra dans la salle du trône improvisée. Nauthul n’aimait pas ces ornements, mais ils étaient source de pouvoir, donc indispensables.
« Seigneur Nauthul, nous allons effectuer une percée. »
« Bien. Préparez les hommes, lieutenant, et dépêchez-vous, je sens la présence confuse d’une grande puissance magique. »
« Ce messager s’autodétruira dans 3…2….1. »
Bam.

« Kalagor, on arrive. »
Le massif était à présent bien en vue.
« Mais pourquoi tu n’a pas voulu lancer un sort de rapidité ? »
« Nauthul m’aurait repéré. Et mon bâton a été brisé lors de la Troisième Apocalypse. Je ne peux donc plus me téléporter. »
« En fait, t’était quoi exactement à Na’Bako ? »
« Au début, je venais tout comme toi étudier les vestiges des Xénos. Après quelques années, j’étais intégré dans la société Naicne. Le Guide, c’est-à-dire le dépositaire du savoir et de la puissance Xéno, vint à mourir, et me donna la charge. Je pense qu’il savait qui j’étais, mais quelle ironie ! J’étais précisément un ancien serviteur de la puissance ennemie des Naicnes. »
« Marrant que sur Aeternia, la plus puissante des armes soit l’archéologie quand même… »
« Grâce à elle j’ai pu contrer Nauthul et former une gigantesque alliance entre Tyrrians, Naicnes, Anges et Chevaliers-Dragons. Sans elle, Nauthul aurait sans doute gagné. »
« Dakan, on arrive. »
« Reposons-nous. Demain sera une journée chargée. »

Quatrième jour de l’assaut sur la Cité Morte : l’Ouragan.

Le vent se levait à présent sur l’étendue sablonneuse du désert de Lathea. Le sable s’élevait lentement en tourbillons, qui furent bientôt de véritables tornades de sables ne laissant aucune chance aux formes de vie locales. La tempête de sable se dirigeait vers Na’Bako. Dans la mer du Levant, des vagues titanesques se formaient au hasard, se désintégrant les unes contre les autres. Sur Dragonnia, Faerth se mit à pulser.
« Seigneur Kain. Merci d’être venu. »
« Ce n’est rien. Je suis un peu en retard : Farath vient de passer généralissime pour son manque d’enthousiasme apparent à sauver Kalagor. Que se passe-t-il ? »
« C’est la Plaine des Catastrophes, Faerth. On dirait qu’elle se remet en activité. »
« C’est impossible ! L’activation de la Cité-Mère l’a normalement libérée. »
Un tremblement de terre, projetant des jets de lave incandescente vint infirmer ses propos. Faerth se réveillait de son sommeil séculaire.

« Seigneur Archonte, Seal ne peut plus tenir. Sa matérialisation est imminente, et nous seront détruits dans la déchirure. Une telle masse concrète dans un univers de psychismes distord l’espace-temps »
« Il semblerait que je sois en train de perdre mon pari… Espérons que ce ne soit pas le cas, ou je serais le dernier des Archontes. Puisse Lathel guider mes pas. »

« Général Tanharth. C’est la fin. »
La paroi du cratère se fissurait de plus en plus sous les coups d’une invisible foreuse.
« Je sais. Que les mages se mettent en position de tir. »
Un nombre malheureusement trop petit d’hommes se mit en mouvement se cacha derrière des rochers.
« Ca ne devrait pas tar… »
L’explosion souffla le quart des défenseurs présents, et le restant fut dispersé par la foreuse lancée à pleine vitesse qui s’écrasa sur la tour.
« Tirez ! »
Le chaos était indescriptible : là, les T.I surgissaient, plus loin, des mages lançaient des sorts mortels, explosant les armures et rôtissant leurs propriétaires. Peu à peu, les défenseurs furent repoussés au fur et à mesure que les T.I prenaient pied. Mais soudain, une petite troupe située en amont de la brèche fit tomber des rochers sur cette dernière, l’obstruant complètement.
Retentit alors un cri brûlant :
« A l’assaut ! »
Le colonel retomba avec élégance de l’arche rocheuse, et explosa le casque d’un adversaire avant de projeter un autre par magie contre une falaise sur laquelle il se disloqua. Les T.I perdirent pied et se retranchèrent près de la brèche, attendant les ordres.
Le colonel se rua vers eux, l’épée à la main, en criant.
« Hardi, les gars ! »
Ce cri fut son dernier. Un rai de noirceur avait surgi de la brèche, annihilant les roches de barrage, lui transperçant le torse
Ainsi parut Nauthul, son long katana noir à la main, un pied sur le cadavre encore chaud du colonel.
« Crève… »
Il lâcha une grenade dégoupillée. Nauthul eut un rictus carnassier et l’envoya d’un coup leste sur les défenseurs médusés.
Puis il chargea, dans un déluge de fer et de feu projeté par les T.I restés en arrière, entamant une danse funèbre dans laquelle périssaient à chaque coup plusieurs soldats. Il semblait se téléporter instantanément d’un ennemi à un autre, assénant ses coups mortels avec une grâce surhumaine.
Enfin, il se retrouva face au dernier soldat, tout tremblant devant les cadavres sanglants de ses compagnons. Le déluge avait cessé. Il fut remplacé par des cris d’horreur. Nauthul se retourna
« Mais, qu’est-ce que… »
Les T.I de l’entrée avaient du se retourner pour faire face à une nouvelle menace. Il vit, au loin, des corps renversés par une charge irrésistible. Enfin, une explosion souffla la plupart du tunnel, projetant au loin des corps sans vie. Médusés, les quelques survivants T.I scrutèrent alors la brèche. Farath en ressortit, posément.
« Capitaine Farath ! Je me demandais quand je vous trouverai enfin sur mon chemin. »
« Abrège ! Je suis ici pour te tuer, Nauthul ! »
« Hahaha ! Je me demande bien comment tu as fait pour venir. »
« Mes frères ont mobilisé leur pouvoir pour m’aider. »
« La tempête de sable, c’était donc toi ! »
« Dommage collatéral. Bon, tu es ici pour parler ou bien pour te battre ? A moins que ça ne te gène de te battre contre une femme… »
Nauthul eut, pour la première fois, l’air véritablement stupéfait. Pendant ce temps, les troupes de Farath avaient massacré les derniers T.I de la brèche. Ils étaient maintenant aux prises avec leurs adversaires venus de l’extérieur du volcan.
« Une femme ? Mais qui es-tu ? » bredouilla-t-il.
« J’ai un message de ma sœur. « Souviens-toi d’Ekronia. » »
« Non… Ce n’est pas possible. PAS TOI ? »
« Si. Slaana en personne. A présent, veux-tu bien mourir ? » Tout en prononçant ces paroles d’un ton qui se voulait détaché, une énergie presque palpable se dégagea d’elle. A présent, les vêtements du Général Farath avaient disparu dans une volute blanche. Une tenue rouge pur, évoquant dans ses tonalités tant la chaleur radieuse que la fureur de la lave, la remplaçait. Slaana, l’Avatar du Feu, se tenait devant Nauthul. Ce dernier se retourna, et détala vers la Cité. Slaana le laissa faire, marchant nonchalamment à sa suite. Nauthul s’enfuit vers le cœur du Sanctuaire, abattant ses gardiens au hasard de son trajet. Guidé par sa mémoire, il s’orienta dans le labyrinthe souterrain.

« Yahhaaa ! »
Le crâne du T.I se fendit en deux. Les abords du camp étaient la proie d’une vive agitation. Deux étrangers avaient fait irruption, et semaient la pagaille sur leur chemin. Et accessoirement la mort.
« Par là ! » cria Dakan. Il désignait l’entrée du tunnel.
« Non, je connais un autre endroit ! »
« Non ? »
« Suis-moi. »
Kalagor mena son compagnon au travers du camp T.I jusqu’à un endroit connu de lui, et uniquement de ses compagnons du Commando Démonium.
Il se mit à creuser le sable à la manière d’un chien, pour aboutir dans un tunnel fait d’une étrange matière, connue uniquement des bâtisseurs de cet ouvrage.
« C’est quoi ? »
« C’est par là qu’on est allés à Na’Bako la première fois. »
Ils suivirent le tunnel jusqu’à la Cité. Sur place, ils se rendirent à l’arrière du front, et questionnèrent un gradé.
« Veuillez m’excuser. Le Sanctuaire est-il sauf ? »
« J’espère. Nauthul y est allé tout à l’heure, mais le généralissime Farath le suivait de peu. »
« Comme le monde est petit… »
« Euh, excusez-moi, mais vous gênez… »
Dakan retint Kalagor de frapper le soldat.
« Viens, il faut vite venir… Farath ne tiendra pas, le pauvre. Il ne peut rien sans moi.


« Commandant Thanatos, les sondes sont prêtes. »
« Bien, lancez les. Quant aux hommes, qu’ils débarquent sur le continent de l’Ouest. »
« Bien maître. »

VIII°) Duels au sommet.

Nauthul pénétra dans le Sanctuaire, une salle en demi sphère, construite autour d’un puit de deux mètres de diamètre, d’où émanait une énergie colossale. Nauthul, son visage distordu dans une expression malsaine, ricana alors.
Une voix retentit derrière lui :
« Reste là. Il n’y a que toi et moi. »
La porte claqua, il ne restait plus que Slaana et lui à l’intérieur.
Nauthul, fou de rage, se précipita alors contre Slaana qui esquiva le coup avec aisance. Il se téléporta vers elle pour la frapper. Ils se « battirent » ainsi trois minutes durant. Fatigué, Nauthul rompit le combat. Erreur. Slaana fit surgir une colonne de roches sous ses pieds. Pour l’éviter, il dut effectuer un roulé-boulé, qui permit à Slaana de le maîtriser avec un sort d’air. Elle le tenait d’une poigne invisible.
« Ca, c’est pour tout ce que tu nous as fait ! »
Elle leva alors l’autre main, projetant alors des gerbes de glace sur Nauthul. Bien que solide, il encaissa mal le choc, et sa peau se déchira en plusieurs endroits. Il hurla de douleur.
« Pitié ! »
« PITIE ? »
A présent, le corps de Slaana s’entoura d’une aura rouge aveuglante, faite de rage palpable.
« AS-TU EU PITIE DE TOUS LES GENS QUE TU AS TUE ? AS-TU EU PITIE DE MA SŒUR LORSQUE TU L’AS ENFERMEE ? »
Nauthul fut projeté contre la paroi par une force si grande qu’elle se fissura. Slaana le releva d’un signe de la main, le regard noir de haine.
« Oui ! J’en ai eu pitié, mais, ne cherche pas à comprendre. Je devais le faire ! Les Démons me… »
BAM ! Nauthul fut à nouveau projeté. Lorsqu’il prit la parole, ce fut d’un ton beaucoup plus posé et assuré.
« Je comprends que tu m’en veuille. A cause de moi, Kalagor a eu une excuse de t’enfermer pour avoir la vie tranquille. Tu sais, je l’ai vu avec la Nidgardianne… »
Il évita le rai de lumière, et commença à la railler d’un air profondément avide :
« Comment s’appelait-elle ? Ah oui ! Kiara. Qu’est-ce que tu as senti lorsque ce moins que rien t’a laissé tomber ? Ca devait être frustrant de tout voir sans pouvoir rien faire, hein ? »
Un cri de rage inhumain retentit dans la salle. Slaana le chargea, oubliant toute prudence, dégainant une épée de flammes. Visiblement, sa fureur était telle qu’elle avait perdu le pouvoir des autres Avatars au profit du feu.
« Pathétique. »
Nauthul leva alors la main.
« Sarcomancie ! »
Slaana tomba par terre, prise d’une douleur effroyable. Elle roulait sur le sol, les yeux exorbités.
« C’est toujours comme ça ! On se croit plus puissante, mais ce n’est ni la magie, ni la force qui comptent en combat. C’est la détermination. Ma pauvre, le feu flambe de manière impressionnante, mais un coup de vent, une vaguelette, ou une pelletée de terre l’éteignent. On va jouer maintenant ! »
Il l’envoya rouler de l’autre côté de la salle, la maintenant sous son emprise. Après quelques minutes, elle n’avait visiblement plus un os intact, et même, à quelques endroits, la chair était arrachée.
« Bon. Je crois qu’il est temps d’arrêter de faire mumuse, hein ? Et je ne vais pas me faire avoir par le coup habituel du méchant qui parle et qui perd du temps… »
« En même temps, c’est ce que tu fais. » Ces mots avaient arraché à Slaana la force qui lui restait, et elle s’évanouit.
« Il faut reconnaître qu’elle ne manque pas de courage. Meurs. »
Un rayon de lumière noire sortit de son doigt pointé vers elle. Au même moment, la porte s’était ouverte et l’épée de Kalagor avait jailli, croyant toucher Nauthul à l’aveuglette. Au moins, elle sauva Slaana, s’interposant entre elle et le rai de lumière.
« Ah ah ! Je t’ai eu, Nauthul ! »
Kalagor se figea devant la scène, autant surpris par le corps à terre que par le fait que Nauthul soit encore debout, et pas transpercé par son épée.
« Je ne comprends pas. Ca marchait en théorie, pourtant… Bon, bravo, Farath, tu l’as retenu. »
« Parce que tu crois toujours que c’est Farath, pauvre pion ? »
Nauthul relâcha son étreinte magique et Slaana retomba.
Lentement, Kalagor baissa son regard vers le corps à terre et laissa échapper un cri de surprise.
« Slaana ? Mais… comment est-ce possible ? »
« Ahlala, la joie des retrouvailles. Permettez-moi de vous interrompre, mais j’ai autre chose à faire. Dakan ! Ca faisait longtemps ! 30 ans sans te voir, c’est 30 ans de perdu, n’est-ce pas ? »
« Garde tes sarcasmes pour toi. Tu sais très bien que tu n’as aucune chance maintenant que la magie est réveillée. »
Une volute d’énergie bleue apparut dans la main de Dakan, et se condensa en un long sceptre qui se mit à parler d’une voix nasillarde :
« Heeeinn ? Ca faisait longtemps ! La dernière fois c’était contre l’autre abru… tiens le revoilà ! Comment ça va bien Nauthul ? »
Tandis que Dakan laissait échapper un soupir plaintif, l’intéressé répondit avec un sourire, tout en dégaina son long katana noir.
« Très bien je te remercie ! Dakan se battait beaucoup moins bien sans toi, mais maintenant ça va être plus intéressant. Je remarque avec joie qu’il n’a toujours pas réussi à t’ôter la parole. Mon katana a assez peu de conversation à part : « Du sang ! » et « Tuer ! ». C’est lassant… »
« Bon, on papote on papote, mais là j’aimerais bien te tuer. » répliqua le sceptre.
Nauthul sourit.
« Moi de même ! »
Dakan et Nauthul se ruèrent à l’assaut l’un de l’autre, puis se heurtèrent dans une décharge d’énergie. Le combat promettait d’être long…

« Seigneur Ulthuan, le signal devrait déjà être donné… »
L’Archonte se réveilla en sursaut.
« Ah, oui, c’est vrai. Réveillez-moi quand ça arrivera ! »

L’entrée du tunnel était la proie d’une bataille entre T.I pour déterminer qui sera le premier à entrer dans la ville à présent lieu d’une chasse sans merci aux survivants.
bbbbbbbBBBBBAAAAMMMM !
Un météore en fusion s’écrasa sur la foule, mettant une bonne partie de l’armée d’accord, suivi d’une horde d’autres bolides en fusion.
« Mais qu’est-ce qui se passe ? »
« Je n’en sais rien, peut-être une anomalie orbitale nous a-t-elle mis sur la trajectoire d’une ceinture d’asté… »
Le T.I se tut pour ne plus jamais reparler, tué par un ordinateur de bord, au grand soulagement de ses camarades. L’ordinateur continuait à afficher : « Planète inhospitalière, rapport d’espionnage négatif… »

Kalagor secouait Slaana d’un air chagriné.
« Slaana, réveille-toi ! Me fait pas ce coup là ! Ulthuan aussi a essayé de faire le mort pour échapper à l’histoire de ma vie ! Puisque c’est comme ça, je vais te la raconter… »
Slaana laissa échapper une plainte.
« Ouf ! Bon, puisque tu es consciente… j’avais cinq ans quand j’ai reçu mon Dragémon… »
Un choc d’énergie bleue et noire vint l’interrompre. Dakan était au tapis et Nauthul, atroce, despotique, allait planter sur son crâne incliné de son katana noir (Pour ceux qui connaissent Baudelaire). Soudain, le corps de Dakan se mit à briller, et l’arme de Nauthul se brisa en morceaux. Un plasma d’énergie se forma autour de Dakan, qui se releva, nimbé de cette lueur surnaturelle. Son regard était devenu d’une dureté adamantine, et il tendit le bras vers son adversaire paniqué.
« Comment… » s’exclama-t-il. Il n’eut le temps de terminer sa phrase avant que la colossale décharge d’énergie ne se dirige vers lui. Nauthul se mit alors à essayer de parer l’attaque, la faisant déborder sur des murs dangereusement rongés par les flots de magie brute.

« Seigneur Archonte…. SEIGNEUR ARCHONTE ! »
Enfin, Ulthuan se réveilla.
« Quequiya ?? »
« Une gigantesque décharge d’énergie est en train d’ouvrir un pont entre notre monde et l’univers matériel. »
« Parfait ! Enclenchez le Cristal. »
« Mais, le Pôle n’est toujours pas déclenché. Cela risque de causer des dégâts gigantesques. Si Na’Bako est détruite, il est peu sûr que vous garderez votre place… »
« Alors vous direz que vous ne m’avez pas réveillé, que vous avez décidé ça seul et que vous en assumez l’entière responsabilité ! »
« Sire Raajhi déteint sur vous, votre Altesse. »

« Abandonne, Nauthul, tu es perdu. » lança Dakan d’une voix inhumaine qui n’était pas la sienne.
Le plasma resserra son étreinte un peu plus sur Nauthul.
« Héé ! Dakan, fais attention à ce que tu fais ! »
« Désolé. Pars avec Slaana dans l’arrière-salle. »
« D’accord. Tue-le, une bonne fois pour toutes. »
« Compte sur moi. »
Nauthul les interrompit avec une voix peinée.
« Veuillez m’excuser, mais c’est assez vexant que vous parliez de moi comme d’un sac de linge sale… Je suis quand même capable de tuer cet abruti d’un seul coup. Bon, Dakan, on va voir si tu as le cran de me tuer, comme tu le dis. »
« Moque-toi de moi pour la dernière fois de ta vie si ça peut te faire plaisir, Nauthul. »
Dakan se concentra alors, ramenant à lui toute l’énergie accumulée.
« FINAL CRASH ! »
A l’instant précis où les flots de magie brute que ni incantation ni mur n’auraient su arrêter allaient toucher Nauthul, une détonation titanesque retentit, et la magie s’éleva dans les airs au travers d’un plafond percé dans le toit du Sanctuaire, se condensant en un portail. Seal apparut dans le ciel de Na’Bako, accompagnée de puissantes décharges magiques détruisant toute matière, vivante ou non, qui avait le malheur d’être en dessous.
Nauthul fut projeté contre le mur par une force inouïe et retomba inerte contre le sol tandis que Dakan réussit à se protéger de la déflagration au moyen de son bâton. Le Sanctuaire n’était plus.

tu peu pas faire plus court

On en est aux 2/3

IX°) De Charybde en Scylla

« Major, faites état de la situation »
« Seigneur Archonte, Na’Bako a volé en éclats. Les troupes avancées de Nauthul ont été exterminées, et nous allons prochainement débarquer. De toute évidence, la résistance a été balayée. Il reste cependant quelques énigmes : ce que fait le camp arrière T.I, combien sont-ils, et où est Dakan. »
« Je m’occupe de la dernière question. Major, faites débarquer les troupes. Amiral, faites donner les canons, qu’il ne reste plus aucun T.I quand le Soleil se sera couché. »
« Bien Sire. »
« Je m’en vais personnellement m’enquérir de la situation au Sanctuaire. »
Ulthuan déploya alors ses ailes d’un blanc nacré et fondit sur le champ de bataille tétanisé par la subite apparition.

« Keuf keuf… »
Kalagor explosa une paroi qui le recouvrait avec son épée, puis souleva Slaana afin de vérifier si elle n’avait rien.
« Et je n’ai même pas de quoi faire NFS chimie iono… »
« Toi. Tu viens avec moi. »
Nauthul s’était relevé, et avait l’air extrêmement perturbé par la situation.
« Alors, on n’avait rien prévu, hein ? »
« J’avoue avoir été surpris, mais ce n’est pas la question. Tu viens avec moi. »
« Tu crois que je vais t’obéir ? »
« Tu crois pouvoir me battre ? »
Kalagor réfléchit pendant deux minutes très désagréables pour ses neurones puis conclut, vu l’état de Slaana, que la raclée qu’il allait de toute évidence mettre à Nauthul allait l’abîmer.
« Bon, je suppose que je n’ai pas le choix… »
Il prit Slaana par-dessus son épaule comme un sac de linge sale, et se mit à s’avancer vers Nauthul.
« Si elle meurt, plus rien ne me retiendra de te tuer. »
« Dans ce cas, tu as vraiment intérêt à ce qu’elle survive. » Puis, sans signe avant-coureur, Nauthul dégaina son katana et asséna un coup terrible à la tête de Kalagor.
« Tu as de la chance de m’être utile… »
Nauthul prit les deux corps avec lui, puis se téléporta à la base T.I dans une déferlante d’énergie.

Dakan s’avançait, hébété, parmi les corps brûlant encore et les décombres de la plus ancienne cité d’Aeternia. Il n’arrivait pas à réaliser ce qui s’était passé, quand son regard se leva vers Seal, d’où il vit arriver un petit point blanc d’un côté, tandis qu’une cohorte d’anges déferlait vers le champ de bataille.
« Allons donc, il ne manquait plus que lui… »
Dakan fit un signe en l’air, vite repéré par l’ange.
« Ulthuan, peux-tu m’expliquer ce qui vient de se passer ? » fit Dakan d’une voix contenue
« Ahem… j’ai… improvisé. »
« Te rends-tu compte que tu as détruit le Pôle, et un vestige archéologique inestimable ? »
« Je ne trouverais jamais en moi les ressources nécessaires pour me pardonner » fit Ulthuan d’une voix faussement coupable.
« Kalagor a déteint sur toi de manière impressionnante. Quoique ce soit réciproque, ses neurones ont enfin commencé à se dupliquer. »
« C’est la deuxième fois aujourd’hui. Désolé d’avoir emprunté ton sort, mais j’en avais vraiment besoin… »
« Ca se voit. La prochaine fois, évite de catapulter une cité de quelques millions de tonnes par un portail, tu seras gentil. Ca fait un peu désordre. »
« Ah, pour me faire pardonner. J’ai retrouvé ça. »
Ulthuan tendit à Dakan le grille-pain.
« En enlevant les micros, je me suis aperçu que les miens et ceux de Nauthul n’étaient pas les seuls… Un autre disposant d’agents a visiblement utilisé ton appareil comme source de renseignements. Il doit être extrêmement puissant, et vraisemblablement assez mesquin. »

« Atchoum » fit une forme humaine dans son scaphandre.
« Bon, dommage qu’ils aient enlevé mes micros. Il va falloir se débrouiller sans informations… »
Kail continua d’avancer sur la lune sans vie, dont les installations lugubres avaient été abandonnées il y a si longtemps déjà.

« Maître, vous voilà enfin ! On ne vous espérait plus ! »
La cervelle du T.I explosa, éclaboussant le reste de la tente du quartier général ?
« Au moins tu seras mort sur une pensée heureuse. »
Nauthul reprit la parole.
« Vous ! Vous passez général. Etat des lieux. »
« Nous nous engouffrions dans la Cité quand des appareils, probablement des sondes, sont tombées sur nos troupes, occasionnant de nombreuses pertes. Nous avons dû reculer sur des bases sûres équipées de DCA. »
« Bon résumé. Je vous charge à présent d’une mission extrêmement importante. »
« Oui chef ! » s’exclamèrent en chœur les T.I présents, se frappant le torse du poing.
« Il vous faut tenir. Je dois partir pour Sirphis immédiatement. Adieu. »
Nauthul repoussa la tenture sur un quartier général passablement dépité, puis se mit en marche jusqu’à la sortie du camp, où il se trouva confronté à un spectacle de désolation. Les geôliers avaient été massacrés, et l’épée de Kalagor avait disparu.
« C’est pas vrai…. Reviens là, mauviette. »
L’air se figea. Kalagor sortit de derrière un rocher, l’air menaçant.
« Personne… ne me traite… de mauviette ! »
Il dégaina, chargeant Nauthul qui, n’ayant visiblement pas envie de se battre, s’écarta d’un pas et laissa Kalagor s’écraser sur le rocher, avant de le prendre par le col.
« Tu me suis, ou tu meurs. »
« Si tu continues à me tenir comme ça, techniquement, c’est plutôt la deuxième solution qui va arriver. »
Nauthul desserra son étreinte.
« Je le savais. Tu as trop besoin de moi, tu ne peux rien me faire. Yaahh !! »
Kalagor chargea à nouveau. Nauthul prit son épée à deux mains, parant le coup, un peu trop tard cependant. Une tache de sang apparut sur sa joue, le faisant sourire.
Il leva la main, et paralysa Kalagor, qu’il traîna par les pieds.
« Hé oh !! Sale lâche ! Bats-toi loyalement ! »
« J’ai oublié de te paralyser la bouche pour que tu ne meures pas asphyxié, mais si tu le prends comme ça, on va faire un tour par les latrines… »
Bizarrement, Kalagor se calma, tandis que Nauthul le mena vers une troupe de T.I d’élite.
« Bien. Nous allons rejoindre nos troupes de réserve, puis nous irons à Sirphis. En route ! »

« Commandeur Thanatos. Les hommes sont en place. »
« Attendez mon feu vert. Je veux voir ce que mijote Nauthul. »
« Bien maître. »
« Tout se jouera donc à Sirphis, Sk’rii ? »
« Je ne crois pas. Considérons cela comme une partie à part. »

Lorsque le soir tomba, le fracas des armes s’était interrompu définitivement sur Na’Bako. Les derniers T.I avaient été expulsés du volcan dans un premier temps, puis leur camp fut encerclé, et tous ses occupants massacrés.
« Seigneur Archonte ! Aucune trace des individus recherchés ! »
« C’est pas vrai… Pourquoi Kalagor se débrouille-t-il toujours pour se mettre dans le pétrin ? On dirait qu’il aime attirer l’attention sur lui ! »
Dakan interrompit Ulthuan avec un sourire entendu.
« Je connais quelqu’un sans qui Nauthul serait mort à l’heure qu’il est. »
« Hum, certes. Enfin, je soulignais le côté répétitif de la chose. »
« Bien sûr. »
« Dakan, que penses-tu qu’ils font ? »
« Les troupes ici présentes n’étaient qu’une fraction des effectifs réels de Nauthul. Il doit à présent les avoir rejoints, et doit déjà avoir été téléporté à Sirphis »
« Dakan, tu ne crois pas que c’est un piège ? »
« Bien sûr que c’est un piège, mais nous devons récupérer Slaana à tout prix. Elle est cruciale. »
« Et Kalagor est un pot de fleurs. »
« Un pot de fleurs des plus utiles. On lui doit plus que tu ne le crois. Bon, il nous faut les rattraper »
« Comment ? »
« Utilisons Seal. Elle doit avoir rechargé ses batteries avec l’explosion de tout à l’heure. Cependant, l’expédition étant dangereuse, fais évacuer la cité. Ne doivent rester que les soldats. »
« Désolé, mais ça ne sera pas possible, nous n’avons que trop peu de temps. Il nous faudra trois jours pour arriver. »
« Trois jours ? »
« Le monde est rond, Dakan, on passera par l’autre bout ! »
« Mais c’est beaucoup trop ! Si seulement on pouvait se téléporter… »
Tout à coup, une volute de magie les enveloppa, eux et Seal, et les projeta vers une destination inconnue

c est un truc de fou cmt tu fait pour avoir autant d imagination jamai j aurai trouve de quoi ecrire pr plusieur page comme ca

en tout cas bravo car yen a pas beaucoup qui penvent ecrire comme toi

Merci.
On en est aux 3/4.

ouai j ai vu tu la marque un peu avant

bein bonne continuation alors

IV°) Le marteau et l’enclume

Mahag se retrouvait perdu dans la grande ville dans laquelle il avait débarqué la veille. En effet, après avoir atteint le port de Lathea, il s’était embarqué clandestinement dans la cale d’un bâtiment de guerre, et s’était retrouvé coincé dans cette étrange cité bordée par la mer et sur trois côtés et surplombée par une gigantesque tour.
« Peut-être que je trouverais Ulthuan ici… »
Mahag s’enfonça dans la cité sans nom, cherchant des réponses qui n’allaient pas tarder à arriver.

« Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Kain levait la tête vers le ciel étoilé. Il restait dehors, et était torse nu afin de canaliser l’énergie de Faerth et de l’empêcher d’exploser. Mais quelque chose avait attiré son attention. Une mince bande d’obscurité était apparue sur la lune, juste à sa lisière, une obscurité plus impénétrable que celle de l’espace au-delà. Comme si ce n’était pas seulement de l’absence de lumière…
Au fil des heures, la bande s’élargit pour devenir un minuscule croissant. Mais personne d’autre ne le remarqua.

« Ca va mieux ? »
Kalagor veillait depuis maintenant un jour et demi sur Slaana. Ils avaient embarqué de Lathea depuis un petit port dont les habitants avaient été massacrés par les troupes de réserve de Nauthul. Elle était fiévreuse et blessée. Les bandages que Kalagor avait fabriqués étaient trop minces et du sang suintait au travers, et ses os brisés la faisaient souffrir.
Mais avant, elle parlait, tandis que là…
« Kalagor, il faut vite qu’on arrive… Mon énergie me quitte, cela fait trop longtemps que nous sommes sur l’océan, ma flamme s’éteint. »
« Reste encore un peu... Je te promets une fête super lorsque Ulth’ viendra nous chercher. »
« Kal ? »
« Oui ? »
« Tais-toi. » lança-t-elle dans un souffle. Elle était visiblement peu convaincue d’arriver au terme du voyage.
Une voix résonna depuis la porte.
« Voilà ce qui s’appelle se prendre un vent ! »
« Nauthul, que me vaut cette horreur ? »
« Haha. Je viens vous prévenir qu’on arrive. Débarquez vos affaires, vous serez escortés jusqu’à la Tour. »
Nauthul se retourna, allant jeter un autre matelot à la mer pour combler son ennui. Tout était si ennuyeux. Après tant de plans tordus, de coups vicieux, de mensonges, de traîtrises, son titre de plus grand méchant de l’histoire de l’univers devait être acquis. On enseignait son exemple un peu partout dans les académies maléfiques, il était une idole…
Nauthul aurait presque été tenté de faire le bien juste pour se marrer.
Presque.

« MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CA ???? » hurla Ulthuan dans le vacarme assourdissant.
« JE SAIS PAS MAIS DIS Á TA CITE A DEUX BALLES D’ARRETER ! » répliqua Dakan. Seal était entraînée dans un tourbillon d’énergie, des volutes de néant s’agitant dangereusement autour d’elle, détruisant quelques pans de la cité.
« Elle ne va plus tenir très longtemps, la pression est trop grande. »
« Mais bon sang, pourquoi voyage-t-elle en accéléré ? Et pourquoi voyage-t-elle d’abord ? »
« Rappelons-nous précisément ce qui s’est passé… »
« Tu disais qu’on arriverait dans trois jours, mais je ne me souviens plus de ce que j’ai dit… Si seulement je le savais… »
Le bâton lui répondit automatiquement :
« Tu as dit : « Si seulement on pouvait se téléporter… » »
« Merci. »
« Il ne te reste plus qu’un souhait sur trois. »
« Tu sais réaliser les souhaits toi ? »
« Tout ce qui commence par « si seulement » »
Ulthuan regardait le bâton avec des yeux ronds, tandis que Dakan se retournait et allait entamer une phrase. Soudain, il comprit.
« Ne me dis pas que… »

« Seigneur Kain ? »
Kain était revenu dans son hall de Kar Kraeth.
« Oui ? »
« La situation est grave… Nous avons perdu Seal de vue, et à présent, tout porte à croire que la bataille finale se passera à Sirphis… »
« Ce qui épargnera et Dragonnia, et l’Île du Cauchemar. »
« Euh, en fait… Pour Ekronia… »
« Oui ? »
« Les Anges Noirs ont été battus. Le Seigneur Melfice vient d’arriver à Dragonnia. Selon ses dires, il serait le dernier de son peuple, et tout porte à croire que les responsables de ce massacre… sont les Démons… »
« QUOI ??? »
« Quelqu’un les a libérés. Ils sont à présent en marche vers Dragonnia, mais sont heureusement retardés par la mer déchaînée… »
« J’avoue que je suis perdu là… BON ! Envoyez immédiatement les trois quarts de l’armée vers Sahis. C’est le plus important. Qu’ils détruisent les garnisons T.I du nord ! »
« Mais comment vont-ils faire ? »
« J’avais gardé des troupes en réserve, que j’avais cachées à Ulthuan. Econome comme il est, il les aurait fait tuer contre Sirphis. Et puis, nous avons un général des plus qualifiés pour cette opération… »
« Qui ? »
« Moi. Avec le reste de l’armée, préparez la défense de Terith, il faut à tout prix les empêcher de poser pied sur Dragonnia. »
Un messager arriva, paniqué.
« C’est le seigneur Melfice ! Il dit qu’il ne veut pas attendre, et qu’il doit vous voir de toute urgence ! »
« Faites-le venir. »
Une voix froide et étrange lui répondit.
« C’est déjà fait. »
L’ange noir se tenait derrière Kain. Il avait dû se glisser dans la salle à la faveur de l’arrivée du messager.
« Kain, j’ai de graves nouvelles. »
« Je suis au courant… »
« Non, pas de celles que j’apporte. Au moment où le Portail s’est mis à pulser, j’ai entrevu un autre monde. Un passage se formait avec une planète inhospitalière, couverte de sables gris et éclairée par les étoiles. »
« Mais qu’est-ce que… »
Kain leva la tête. La lune noire lui répondit pour lui.

V°) Le début de la fin

Premier jour du Ragnarok.
Archives retrouvées dans l’Adeszi.

« Commandant. »
« Oui Sk’rii ? »
« Nous sommes en approche d’Aeternia. »
« Les hommes sont-ils en place ? »
« Oui. Tous prêts. »
« Bien. Que tous les autres quittent ce vaisseau et reprennent le continent central.
« Seigneur ? »
« Oui ? »
« Que voulez-vous faire à Kail au juste ? »
« Vous voulez vraiment le savoir ? »
« Oui. »
« Eh bien, je vais le défier et le tuer de mes propres mains. Depuis qu’il m’a parlé, mon univers s’est écroulé, toutes les valeurs sur lesquelles j’avais bâti ma vie, ma conscience, n’étaient plus. Pour recommencer, je dois donc le détruire. Nauthul aussi. De mes mains, avec l’épée de June. »
« L’épée de June ? »
« Vous voyez cette épée ? Je suis devenu un D.K après avoir assisté aux exploits de June, tout petit. De plus, je suis né sur Templa, alors le culte de Key, c’est-à-dire de June, y est très grand. Quand je suis devenu un D.S, j’ai décidé de suivre ses traces, et lorsque Nauthul a déclaré que Dakan avait tué June, je me suis engagé dans les T.I, mais j’ai gardé mon armure de D.S. Après maints exploits, Nauthul m’a remarqué, et a sûrement vu que mon admiration pour Key me rendait manipulable. Il m’a donc confié cette épée, avec pour mission de venger June. »
« Vous voulez tuer votre ancien maître ? »
« Quoi de plus naturel ? »
Thanatos s’en retourna, laissant Sk’rii profondément dérangé par cette discussion avec cet esprit malade.

« Kalagor ? »
« Je croyais que je devais me taire… »
« Arrête de faire le vexé. Je veux que tu fasses quelque chose pour moi. »
« Tout sauf de la cuisine. Ca t’achèverait. »
« Mets tes mains dans les miennes. »
« Wahou ! »
« Quoi ? »
« Après cinq cents ans d’attente, on arrive enfin à ce stade ! Qu’est-ce que je m’épate moi ! »
SCHMACK !
« Aieuh… tu sais que tu me rappelles Ulthuan ? » dit Kalagor en prenant sa tête meutrie dans ses mains.
« Le sens du contact peut-être. Mets tes mains dans les miennes, c’est important. »
« D’accord. Que veux-tu faire ? »
« Tu comprendras. »

Nauthul débarqua du navire, escorté des quelques deux cents T.I qui avaient survécu à son offensive sur Na’Bako. Au centre du régiment, Kalagor et Slaana étaient entourés de toute la troupe des meilleurs T.I, autrement connus sous le nom de Death Heralds. La foule silencieuse les entourait, certains ricanants, d’autres compatissants face au sort terrible qui attendait les condamnés. Nauthul riait de voir son ennemi ridiculisé à ce point. Tant de plans avaient échoué, tant de conquêtes à reprendre, à cause de cet abruti de chevalier dragon et de son pote l’ange.
D’ailleurs il ne perdait rien pour attendre.
« Nous allons vous transférer dans la Tour. Là, vous serez placés dans une salle spéciale. »
« Si tu crois que ton plan va marcher… » répliqua Kalagor d’un ton haineux.
« Quel plan ? »
« Si je te le dis, tu en changera. Juste, Ulthuan est plus intelligent que tu sembles le croire. Enfin, non, Dakan est plus intelligent que tu ne voudrais le croire. »
« Je suis sûr que son grille-pain lui donnera la marche à suivre. »
« Garde ton ironie pour toi, abruti. »
« Tu sais que je n’ai pas besoin de toi ? Sais-tu que je n’ai besoin que de Slaana ? Je te garde uniquement pour la fin. Mais je pourrais changer d’av… Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
Nauthul regardait des points noirs dans le ciel.
« Lieutenant, identifiez ces vaisseaux ! »
« Tout de suite, maître. »
Un instant plus tard, il répondit :
« Ce sont les vaisseaux du Commandeur Thanatos ! »
« Enfin ! »
« Mais je ne vois pas les transports de troupes… »
« Mais que fait-il ? »
Kalagor lança : « Alors, Nauthul, on est pris au dépourvu ? »
« TOI ! »
Nauthul se lança vers Kalagor avec la claire intention de le découper en rondelles, mais au moment où il abattit son katana, Kalagor matérialisa un champ de force dont le déploiement s’accompagna d’une explosion, suivie d’une autre causée par l’attaque de Nauthul. La troupe de T.I était dispersée, et les morts jonchaient le sol.
Nauthul, qui avait été projeté au sol, se releva, éberlué.
« Mais, tu n’as pas autant de pouvoir… »
Soudain, il s’interrompit. Il saignait de la tempe et du front. Perturbé par le fait qu’un mage si médiocre ait pu le surprendre, pis, le blesser, lui, Nauthul, il se renfrogna, cherchant dans ses pensées la cause de sa défaite.
« Comment… Ah, j’ai compris. »
Il se retourna vers Slaana.
« Bravo, belle idée de lui avoir transmis ton pouvoir ! »
« N’est-ce pas … ordure ? » lança-t-elle dans un souffle.
« Mais ce n’est pas suffisant. Gardes ! »
Le régiment s’était rallié derrière Nauthul.
« En formation peloton d’exécution. Je sens que Seal arrive, je n’ai pas de temps à perdre avec vous… Mais qu’est-ce que… »
Des panaches blancs se déployaient dans le ciel, en descente vers Sirphis.
« Thanatos ? »
Un bombardier répondit pour lui à sa question informulée, répandant la mort et la destruction sur son passage. Un gradé apparut, essoufflé.
« Seigneur Nauthul ! La ville est assiégée !! Nous sommes encerclés par des troupes colossales ! »
« Mais comment… »
« Elles sont arrivées en coup de vent ! Elles devaient être là depuis des jours ! J’ai autre chose à vous apprendre… »
« Oui ? »
« C’est une force composite de T.I d’élite et de Fédéralistes. »
« Merci colonel, vous n’avez plus à vous soucier de la situation. »
« Merci sei… aaaargghhh… »
« De rien. »
Nauthul tenta de reprendre son calme en essuyant son épée.
« Hey, tu peux me dire ce qui se passe ? »
Il se retourna, pour voir Kalagor sur un tas de cadavres...
Il fallait composer avec plusieurs dangers dorénavant. Sur l’échiquier, ce chevalier dragon était un minable pion sans force politique, mais il fallait reconnaître qu’il avait un potentiel destructeur de plans assez impressionnant. Un peu comme un papillon…
« Je n’ai pas de temps à perdre avec toi, je te l’ai déjà dit. Tiens, occupe-toi d’elle. »
Tout en prononçant cette phrase, Nauthul sortit un bolter et tira sur Slaana.
« NOOONNN !!!! »
Kalagor se précipita sur elle, mais elle sombra dans l’inconscience avant son arrivée, sa tête s’écroulant avec grâce sur le brancard.
« Adieu »
Nauthul s’en alla ainsi, essayant de remonter le cours des choses, qu’il maîtrisait de moins en moins, laissant un dragonnien éploré tenter de sauver celle qui comptait le plus pour lui.

V°) Le Déluge

« Descente sur Sirphis ! Bombardiers en formation delta, préparez-vous à un passage sur la Tour ! Chasseurs, éliminez les derniers éléments de défense, et protégez-moi ces putains de transports de troupes ! »
« Seigneur Thanatos ? »
« Oui ? »
« Nous avons repéré Nauthul, il se dirige actuellement vers la Tour. Nous attaquons ? »
« Non, laissons-le. Des points de résistance ? »
« Le port est quasiment entre nos mains, mais hélas les installations militaires ne sont pas encore prises, nous nous y heurtons à une résistance féroce… De plus, les portes et la ville haute sont le théâtre d’une bataille farouche, Sk’rii est là-bas pour essayer de coordonner les assauts, mais les troupes de défenses sont très bien structurées et armées. »
« Bien. Armez l’Adeszi, et entamez la descente, nous nous occupons de Nauthul, nous-mêmes. »
« Je suppose qu’il est inutile de contester… »
« C’est exact. Faites ce qu’on vous dit, et c’est tout. »

Kalagor mobilisait toute sa magie pour essayer de sauver Slaana, mais il la perdait peu à peu. Autour de lui, les gens couraient et essayaient de se cacher, les immeubles en flammes s’effondraient : la ville basse était vaincue.
« Hardi les gars ! »
Des soldats arrivèrent en courant par la rue, venant de l’extérieur de la ville. Il s’arrêtèrent net devant Kalagor, interdits.
« Qui êtes-vous ? » lança-t-il
« Escadron de la fédération. Et vous, qui êtes-vous ? »
Certains mettaient un genou à terre, et tenaient Kalagor en joue.
« Je crois que ça importe peu à présent… quelqu’un est médecin parmi vous ? »
« Non. Je réitère ma question pour la deuxième fois, et répondez-moi cette fois. »
« Je suis Kalagor, et je suis originaire de cette planète. »
« Quel camp » aboya le commandeur.
L’avalanche de questions commença à énerver Kalagor.
« Va te faire foutre, j’essaie de la sauver, c’est ce qui compte ! »
« Je dois réquisitionner les hommes valides, il y a une dure bataille à la Tour. Êtes-vous Kalagor, de Tanharth ? »
« Oui, mais n’essayez même pas de me réquisitionner. »
Soudain, un messager arriva, exténué.
« Maître, Thanatos a des ennuis. Une escadre de Nauthul a réussi à s’envoler et a pris l’Adeszi en charge. Sk’rii vous demande de toute urgence ! »
« D’accord. » Il se retourna vers Kalagor. « Désolé, seigneur, mais nous n’avons pas de temps à perdre. » Et il s’en retourna.
« Moi non plus, commandeur » répondit Kalagor d’une voix froide.
Une main se posa sur son épaule, et il se retourna brusquement. C’était Mahag.
« Mahag ? »
« Laisse-la, Kalagor, et va te battre. Je la soignerai. »
« Comme tu as cherché Ulthuan ? »
« Oh, mais il va arriver… »
« Quoi ? »
« Seal est en route, mais il faut à tout prix… »
« Que j’empêche la Tour de lui tirer dessus, je sais. »
Mahag le dévisagea avec une expression indéchiffrable.
« Tu as beaucoup évolué depuis notre dernière rencontre… »
« Toi aussi, Sarataï. »
Kalagor s’élança en direction de l’escadron, pendant que « Mahag » rechangeait d’apparence, pour redevenir l’Avatar de l’Eau, pendant que l’original cherchait Ulthuan dans le port, théâtre de combats d’une violence inouïe.
« Salut petite sœur… » Lança Slaana dans un souffle.
« Je suis là maintenant. »

Kalagor arriva peu de temps après au port de Sirphis. Les fusées à plasma, lancées à la vitesse du son, désintégraient tout ce qui se trouvait sur leur chemin, chair ou acier. Il gagne ce qui semblait être le Q.G.
« Seigneur Kalagor ! Nous sommes heureux de vous voir ! »
« Passez-moi Sk’rii. »
« Bien, maître. »
« Ah comme c’est agréable… Sk’rii ? Que signifie tout ceci ? »
« Je n’ai pas le temps de vous expliquer. Je suis content que vous soyez vivants. Il faut à tout prix que vous preniez le port ! »
« Mais il y a plus important ! La Tour se prépare à détruire Seal, et sans Seal, plus d’énergie pour vos vaisseaux ! »
« MERDE ! Restez sur le port, je vais vers l’Adeszi vu que les portes ont été prises. Nous allons nous occuper de la Tour. »
« Bien. Dites bonjour au Commandeur de ma part. »
« Je n’y manquerai pas. Adieu. »
Kalagor se retourna, et amplifia magiquement sa voix.
« Ici Kalagor Raajhi. Je prends personnellement la direction des opérations. Il nous faut prendre ce port d’ici une heure, ou bien nous perdrons la bataille. ALORS BOUGEZ-VOUS ! »
Il dégaina sa lame.
« A présent, tout est entre tes mains Ulthuan ! »
Et il chargea, suivi de quelques dizaines d’hommes, au milieu de la mêlée, tentant d’enlever les positions ennemies.

Nauthul arriva enfin en haut de la Tour, où il trouva un conseil étrangement clairsemé.
« Général, donnez-moi la situation. »
Silence.
« Ah oui, je l’ai tué. Colonel, vous passez général. »
Silence.
« Ah oui, lui aussi… vous êtes quoi vous ? »
« Garçon de chambre…aaaargh… »
« Bon, qui d’autre… »
Une forme timide dans le coin répondit.
« Moi, je suis commandant… »
« Bien, général, faites le point… »
« Le port résiste actuellement aux assauts, mais un mystérieux seigneur du feu est arrivé, et ils ne vont plus tenir longtemps… »
« D’accord, dites-leur de s’accrocher, il faut qu’ils tiennent jusqu’à l’arrivée de Seal. Le reste ? »
« Nos troupes du nord de Sahis ont été exterminées par les dragonniens qui descendent en masse vers Sirphis. Cependant, Akkrilios est intacte, et ses garnisons marchent actuellement vers nous. Ils arriveront d’ici vingt minutes. Ah, au fait… l’Adeszi est descendu de son orbite, et se prépare actuellement à nous attaquer…. Attendez, une liaison holographique est demandée… »
Une forme se matérialisa sur l’holocron. Celle de Thanatos.
« Commandeur, comment expliquez-vous ceci ? »
« L’honneur d’un membre du Dakan Squad, « maître ». Vous voyez cette épée ? Celle de celui que vous avez tué ? Je vous fais le serment de vous tuer avec, même si je dois y laisser la vie. »
« Soit. Et comment comptez-vous faire ? Capitaine, que les chasseurs décollent. Abattez l’Adeszi. »
« Essaie toujours. »
« Je vais me gêner… »

Le bruit d’une lame qui fend l’air, puis d’un crâne éclaté.
« Et voilà, c’était le dernier ! »
Le port était à présent sous contrôle, et les Fédéralistes chassaient à présent les derniers.
« Bravo les gars !! Il ne reste plus que la Tour ! On y va ! »
Soudain, un bâtiment à la droite de Kalagor explosa, et il dût se protéger du souffle de l’explosion.
Des barges innombrables convergeaient vers la jetée où il se trouvait, porteuses de trois fois plus de T.I…
« Et meeerde… EN FORMATION ! »
Kalagor se retourna, décidé à défendre le plus longtemps possible le port, quand il vit qu’une grille de sécurité se trouvait à l’extérieur du port… S’il pouvait l’abattre, il sauverait de précieuses minutes…
« Soldats, préparez-vous, je retarde l’ennemi. »
Il traversa la baie artificielle jusqu’à la grille, et allait l’enclencher, quand une main métallique se posa sur son épaule.
« Tu rêves. » lui dit le T.I
« C’est toi, mon cher. »
Kalagor asséna à son adversaire un coup titanesque, mais à sa grande surprise, il ne flancha pas, mais répliqua, envoyant Kalagor valser dans le mur. Un combat terrible s’engagea, mais les barges se rapprochaient dangereusement.
« Non… » Kalagor tendit la main vers l’interrupteur, mais le Death Herald l’empêcha de poursuivre.
« Maintenant, tu meurs. »
Il arma son bolter et le pointa sur Kalagor, quand il fut interrompu par un bruit métallique. La grille venait de s’abattre.
« QUI ??? » Il se retourna, furieux, oubliant sa proie. Mahag fut plus rapide.
« KALAGOR, MAINTENANT ! »
Celui-ci se concentra, et déversa sa fureur dans son corps. Ses yeux devinrent entièrement rouges, et des ailes lui poussèrent dans le dos, tandis que ses dents se transformaient en crocs. Kalagor le chevalier dragon prit son envol, et frappa son adversaire, les deux roulant au sol dans une danse mortelle dont un seul se releva.
« Mahag ? »
« Oui ? »
« Que fais-tu là ? »
« Trop long à expliquer… Tu saignes… »
Kalagor s’assit et regarda ses blessures. Elles étaient superficielles. A présent, un théarque allait payer…
« NAUTHUL !! »
Il fonça sur la Tour en battant des ailes, laissant Mahag tout seul.
« Hey, m’abandonne pas !! »
Des grappins surgirent dans son dos, annonciateurs de l’armée en marche.
« Oh oh… »

« Veuillez attacher vos ceintures, nous arrivons. Les issues de secours sont situées un peu partout, vu l’étonnante avarice de nos hôtes qui n’arrivent même pas à se payer des murs. »
« Abruti de bâton, c’est une esplanade. »
« Et en plus qui se trouvent des excuses… »
« Non seulement il nous emmène dans une dimension loufoque mais en plus il se permet de m’insulter ! Dakan, pourquoi tu l’as matérialisé ? »
« Il est trop fort pour que je m’en passe. »
« Et un point pour le p’tit malin ! Je prierais l’autre de se calmer. J’ai la bonté extrême de réaliser leurs souhaits, et ils se plaignent… J’aurais dû rester accroché à mon arbre… » Le bâton commença à pleurnicher.
« C’est malin, Ulthuan ! »
Ulthuan leva les yeux au ciel :
« Encore pire que Kalagor, je sens qu’ils s’entendraient bien tous les deux… »
« Accroche-toi, on arrive ! »

La ville se distordit, comme si sa réalité venait d’être brusquement déchirée. Les bâtiments oscillèrent au gré d’une insaisissable marée de temps et d’espace. Des éclairs jaillirent du néant, désintégrés l’instant d’après par les effets quantiques qui les avaient fait naître. On raconta d’ailleurs plusieurs année plus tard qu’il se mit à pleuvoir cochons, poules, et abats-jours. Cependant, le grand âge des témoins consultés invite à la prudence quant à la véracité de leur propos.
En résumé, ça fit « Boum. »
Et Seal apparut dans le ciel de Sirphis, annonciatrice de la dernière bataille d’Aeternia, Ragnarok, la Bataille des Dieux.

VII°) Ragnarok


Le chaos était indescriptible. Les troupes de Kalagor, commandées par Mahag, essayaient de tenir le port contre une puissante attaque T.I et se faisaient refouler peu à peu. Les portes étaient désormais prises, mais les forces Fédéralistes et renégates luttaient pour prendre l’enceinte intérieure, juste à côté de la Tour, tandis que Seal, en apparaissant, tuant au hasard dans les deux camps.
Kalagor s’arrêta net, une dizaine de mètres au-dessus du champ de bataille du port.
« Oh non !! Nauthul doit déjà être à Seal, et je n’ai plus mes ailes pour longtemps… Il faut que j’empêche Seal d’aller au-dessus de cette fichue Tour ! A moins que… »
Son regard se fixa sur les dépôts situés quasiment à la verticale de la Cité Céleste.
« Peut-être que je vais réussir… »

Nauthul n’en croyait pas ses yeux. Au moment même où il en avait le plus besoin, Seal venait d’apparaître. Peut-être que la chance lui souriait à nouveau… Il se mit à courir comme un dératé jusqu’à la Salle du Conseil. Là, il actionna l’hologramme.
« Exécuteur, le moment approche !! »
« Là, en fait, j’étais en train de déjeuner si vous voulez tout savoir… »
« EXECUTEUR ! » rugit Nauthul
« D’accord, d’accord… Je vais chercher le mage. Donnez-moi, hum… dix minutes. »
Et il repartit. Nauthul se concentra sur Seal, et se téléporta sur le parvis.
Ulthuan et Dakan durent s’accrocher au balcon pour ne pas tomber de surprise. Nauthul se tenait devant eux, prêt à les tuer.
Ulthuan tenta d’attaquer, mais Nauthul para le coup et envoya l’ange contre un mur. Il se releva difficilement et se replaça aux côtés de Dakan.
« On est morts… »
« Je crains bien que ce soit le cas… »
« Il ne sait pas encore que tu ne sais plus faire de magie… »
« Mais j’ai l’oreille fine. » interrompit Nauthul. « Je te remercie du renseignement. A présent, voulez-vous bien mourir ? »
Mais au moment précis où il se concentrait pour lancer un sort mortel, une explosion gigantesque se fit entendre, et Nauthul rompit sa concentration.
« Mais qu’est-ce que… LES DEPOTS DE MUNITIONS ! » fit-il en regardant par-dessus le rebord.
Il se retourna vers ses deux ennemis.
« Désolé, mais je dois en finir rapidement. Vous direz bonjour à June de ma part ! »
Nauthul allait lancer son sort, quand un geyser de flammes surgit du rebord. Au-dessus, porté par le souffle de l’explosion, une porte en acier sur laquelle se tenait Kalagor, brandissant sa lame, qu’il abattit dans le dos de Nauthul. Le coup toucha, et le vêtement de Nauthul se déchira, ainsi qu’une portion de sa chair.
« Toi… » souffla-t-il.
Il s’agenouilla pour reprendre son souffle, mais Kalagor ne lui en laissa pas le temps, et enchaîna d’une boule de feu le projetant face contre terre.
Les deux spectateurs étaient ahuris. Kalagor, celui qu’Ulthuan méprisait gentiment et que Dakan tenait pour un mage de seconde zone, venait de massacrer celui qui les dominait.
Celui-ci se releva. Péniblement. Ses blessures le faisaient atrocement souffrir, et son rictus déformé par la rage et la douleur était celui d’un fou.
« CREVE !! »
Oubliant tout semblant de défense, Nauthul chargea Kalagor, qui évita le coup, et répliqua avec vigueur. Le « combat » dura ainsi deux minutes, avant que Nauthul, aculé par les assauts précis et calculés de Kalagor, se retrouva dos au mur.
« Echec et mat, Nauthul. »
« Moi je dirais… JOKER ! »
Un bruit étrange se fit entendre. Comme celui de la clenche d’une serrure. Kalagor se retourna alors vers Ulthuan.
« Ne me dis pas qu’on est au-dessus de la Tour. »
« Hahaha !! Tu me croyais affaibli, mais pendant tout notre combat je dirigeais la Cité par mon esprit. A présent, vous êtes morts ! »
A des milliers de kilomètres, le Portail, ouvert par le mage rénégat, se mit à pulser.
« Exécuteur, la Tour est prête. »
« Faites feu. »
Les deux Tours identiques, alignées sur trois cent millions de kilomètres, vibrèrent à l’unisson. Soudain, une salve d’énergie pure jaillit de la Tour d’Eldar, et vint frapper Seal de plein fouet.
Le choc fut terrible. Les bâtiments se désagrégèrent, formant un amas de ruines en perpétuel effondrement.
Et Nauthul riait. A présent, tous ses ennemis étaient là, devant lui, impuissants face à leur destin.
Kalagor essaya de le charger, mais il fut projeté avec force contre le mur, et il resta inanimé.
« Maintenant, nous allons finir ce que nous avons commencé il y a des milliers d’années, Dakan. Je vais commencer par tuer tes amis, pour finir par ton insignifiante carcasse. Joli programme, hein ? »
Il dégaina son katana qu’il abattit sur Kalagor.
« Un de moins. Au suivant. »
Mais alors qu’il allait attaquer Ulthuan, la deuxième salve atteignit Seal, et il rata son coup.

Trois minutes plus tôt, l’Adeszi.
« Seigneur Thanatos, l’heure est grave ! »
« Je sais Sk’rii. Seal ne va pas tenir très longtemps comme ceci. »
« Quittez l’Adeszi ! Rendez-vous sur Seal et tuez Nauthul. Je vous donnerai du temps ! »
« Sk’rii ? »
« Oui ? »
« Pourquoi faites-vous cela ? »
« Eh bien, je crois que quelqu’un de votre âge ne peut pas le comprendre, mais quelqu’un comme moi qui a déjà tout fait dans la vie et dont l’unique but était la destruction de Terra a envie de partir en beauté avec l’ennemi qu’il a toujours combattu. »
« Nous ne sommes pas si différents alors… »
« Non, pas vraiment. »
« Et c’est ainsi que tout se finit. Adieu. »
Et Thanatos se rendit sur la passerelle, enfila sa BlackArmor et laissa l’épée de June.

« Ce n’est qu’un contretemps. »
Nauthul se releva. La salve, en lui faisant rater son coup, lui avait fait perdre l’équilibre. Ses deux adversaires étaient maintenant résolus à mourir.
« J’ai trouvé la voie il y a quelques années maintenant. J’ai toujours été peiné que toi, Dakan, de tous les Théarques celui qui me ressemblait le plus, n’ai jamais compris mon point de vue. A présent, vous allez trouver vous aussi la voie. Mais je dois d’abord vous coupez la tête. J’espère que cela ne sera pas trop douloureux. »
Il allait attaquer quand un bruit de réacteur se fit entendre.
« Hein ? »
« NAAUUUTHHHUULLL !!!!! »
Celui-ci ne put éviter le BlackArmor lancé à 100 km/h que d’extrême justesse. Thanatos atterrit sur le mur à la verticale, et se relança vers Nauthul en tourbillonnant. Une lueur bleue apparut.
« Oulà ! »
Nauthul n’eut que le temps de tirer son katana pour esquiver l’épée que Thanatos venait d’invoquer. Mais pas son poing.
Il fut projeté sur deux mètres, mais se rétablit par un salto spectaculaire.
« Attention Thanatos ! La salve ! »
Effectivement, une décharge d’énergie venait d’apparaître, mais une ombre couvrit Seal. L’Adeszi para l’attaque avec ses boucliers. A l’intérieur, Sk’rii prit le communicateur.
« Maître Ulthuan. Prenez vite vos amis et laissez Nauthul et Thanatos sur Seal. Je crains de ne pas pouvoir tenir. »
Comme pour étayer ses dires, une nouvelle salve frappa l’Adeszi, annihilant ses boucliers.
A terre, le combat faisait rage entre Nauthul et Thanatos, les entraînant de plus en plus au cœur de la Cité.
Un point lumineux apparut à nouveau dans le ciel.
La salve frappa le croiseur de plein fouet, détruisant les réacteurs qui explosèrent dans une déflagration titanesque.
« Rupture d’orbite. Nous tombons, commandeur. »
Ulthuan répondit à celui qui fut son second pendant tant d’années.
« Non, Sk’rii, vous ne tombez pas. Vous vainquez. »
Le croiseur pénétra dans l’atmosphère d’Aeternia, sa coque s’arrachant à cause de l’échauffement, peu à peu transformé en projectile incandescent.
« Adieu. »
L’explosion au contact de l’océan souleva de telles gerbes d’eau que le combat s’arrêta dans le port, chacun trouvant un abri ou mourrant par la force du poids de l’eau, lancée depuis un kilomètre de hauteur.
Une nouvelle salve frappa Seal, détruisant la coque protégant le cristal. N’y tenant plus, Ulthuan régla son communicateur et parla à Thanatos.
« La Cité ne va plus tenir très longtemps !! Le cristal central est bientôt à nu, et là, ça va exploser ! »
« Je sais bien, nous sommes actuellement DANS la salle du cristal. »
Ce disant, Thanatos para le coup de Nauthul et riposta. Son sabre se brisa en deux sur celui de Nauthul.
« Game OVER ! »
Une impression étrange se diffusa dans tout le corps de Thanatos. Toute sa vie, il avait eu peur de mourir sans le savoir, il voulait pouvoir se dire un jour « Là, je suis mort. » et faire ses adieux à la vie. A présent, il avait la lame de son adversaire en plein cœur, mais encore une tâche à accomplir.
« Non, Nauthul. J’avais promis. »
« Quoi ? »
« De te mettre cette épée dans le corps ! »
Et tout en disant ceci, il reprit son épée par terre, et malgré les efforts de son adversaire pour l’en empêcher et pour reprendre son sabre, ce dernier s’était trop bien fiché dans les côtes de Thanatos, il sentit l’épée de June rentrer dans son ventre, signalant que sa trop longue existence arrivait à son terme.
« A présent, je peux mourir. »
« NON ! »
Nauthul essaya de se téléporter. En vain.
« Comment… »
Thanatos relâcha son étreinte. En réalité, il s’était lui-même transpercé avec l’épée, afin de former un pont de matière entre eux deux. Et Nauthul ne pouvait pas téléporter deux personnes en même temps.
« Je suis blessé au ventre. Tu mourras avant moi. »
« Non. Nous mourrons ensemble. »
Et tout en disant cela, Thanatos leva les yeux au ciel. Le point lumineux refit son apparition, une dernière fois.
« Alors Nauthul, une dernière parole ? »
« Et merde ! »

I°) Les Larmes de Seal :


Seal explosa à moitié sous le choc. Des pans entiers de bâtiments furent projetés dans les airs, tandis que l’éther s’emplissait des petites particules du cristal désormais détruit et que de l’énergie pure s’épandait en éclairs au travers de la brèche. L’instant se suspendit dans le temps, et le vacarme cessa. Juste quelques secondes. Puis, lentement, accompagnée d’un grincement épouvantable, Seal flancha et entama sa chute, pleine de grâce, ses palais étincelants aux rayons du soleil couchant, son esplanade nacrée lançant un dernier défi aux regards des spectateurs ahuris. Passants et guerriers, fédéralistes et T.I, loyalistes et renégats, tous s’étaient arrêtés pour assister à la glorieuse fin d’une cité, d’une puissance. Et celle d’un symbole. Avec un détachement qui contrastait avec la folie de la bataille qui l’environnait, elle dériva, pour s’écraser dans l’océan. Quelques secondes plus tard c’était fini.
Des pans émergés témoignaient de sa gloire passée, de ses millénaires et de sa légende. C’en était fini de Seal la grande, l’impériale, la Cité des Cieux, n’était plus qu’un amas de pierres au fond de l’eau. Plus aucun pas ne résonnerait dans ses couloirs, plus aucun discours dans son assemblée, plus aucune vie en ses murs…
Juste quelques secondes…

Au cœur de Sirphis, un groupe était particulièrement concerné. Dakan tentait de soutenir Ulthuan, effondré de la perte de sa cité.
« Noonn… Je n’aurais pas dû me fourrer dans ce piège, c’est ma faute ! »
Il se fourra la tête dans une poubelle, prêt à en finir.
« Ulthuan, ça ne sert à rien. Il faut à présent rejoindre nos arrières afin de gagner la bataille. »
« Non, je reste là. »
Dakan s’énerva contre ce monolithe inhumain. Ulthuan s’empêchait de penser pour s’empêcher de souffrir. Au fond, Dakan ne pouvait que le comprendre : un héritage millénaire réduit en morceaux, des morts partout… Mais il était trop énervé pour réfléchir.
« Ulthuan, ta stupidité a déjà fait assez de dégâts aujourd’hui ! »
Ulthuan prit soudain un regard attristé et perdu.
« Dakan… » souffla-t-il.
« Qu’est-ce que tu veux ? Revenir dans le temps ? Raté ! »
« C’est pas de ça dont il s’agit ! »
« Alors de quoi ? »
« Kalagor est train de mourir ! »
En effet, Kalagor agonisait, et ils ne pouvaient plus bouger. Le coup que Nauthul lui avait porté lui avait brisé tous les os, et il était à présent paralysé, sans espoir d’aide ni de secours. A présent, il gisait sur le sol, presque dans le coma, prêt comme il l’avait toujours été, à finir sa vie avec panache.
« Hey les gars… J’aurais réussi ! » lança-t-il dans un souffle.
« Quoi ? »
« J’aurais vu Saraïs vengée… SLAANA ! »
Soudain, il se reprit, et on vit l’ancien feu luire dans ses yeux. Il tenta de se lever. Hélas, ses jambes ne répondirent pas.
« Quoi, qu’est-ce qu’elle a ? »
« Elle va mourir ! Elle est avec Sarathaï, et… »
« SARATHAÏ ?? »
Ulthuan était sorti de son mutisme, et on commençait à apercevoir des signes de reprise. Déjà, il s’était enfin sorti de la poubelle, quelques épluchures par ci par là sur la tête.
Mais Kalagor retomba par terre dans un spasme et continua de délirer, déclarant fiévreusement qu’ils « n’auraient jamais son Dragémon ! ».
« Calme-toi, Ulthuan, tu as mieux à faire et… »
Mais c’était trop tard. Tel un homme ivre, Ulthuan s’était mis à courir au hasard des rues pour retrouver celle qu’il avait attendue des siècles durant.
Kalagor, dans un effort surhumain, se dressa sur ses bras.
« Rattrape-le, il serait capable de lui dire qu’il l’aime. »
« Oulà ! Ca le tuerait.» Après mûre réflexion, Dakan ajouta : « Reste sage et essaie de pas trop salir la chaussée. »
« T’inquiète pas pour moi, j’ai Slaana qui m’attend, je ne risque pas de mourir aussi bêtement… »
« Ca te ressemblerait trop. »
Et Dakan se lança à sa poursuite, laissant Kalagor sur le trottoir, haletant. Une fois son ami hors de vue, il s’effondra, et lança dans un souffle.
« Désolé, Slaana… »

Dakan retrouva Ulthuan au détour d’une allée. Il cru au début qu’il s’était perdu, lorsqu’il vit ce qu’Ulthuan regardait. Une silhouette altière, au port de reine et à la peau nacrée, se tenait dix mètres plus loin, tenant une autre qui, malgré ses blessures, rayonnait encore de puissance.
« Oyo… C’est donc elle, Sarathaï ? »
Ulthuan parut sortir d’un rêve, et se retourna brusquement vers Dakan.
« Que fais-tu là ? »
« Je te surveille… »
« Chuut, il faut pas qu’elle nous voie ! »
Une voix fruitée et malicieuse lui répondit : « Pourquoi donc ? »
Ulthuan déglutit lentement, avant de se retourner. Il choisit de feindre la surprise.
« Sarathaï ! Oh, comment as-tu fa… »
Une baffe l’arrêta, suivie d’une autre.
« Ca, c’est pour m’avoir laissée. Et l’autre, c’est pour m’avoir prise pour une abrutie. ». «Et toi, arrête de ricaner », lança-t-elle à Dakan qui ne pouvait s’empêcher de sourire devant des retrouvailles si émouvantes. Il n’y parvint pas, et ce fut d’une voix dont le mordant était mal caché qu’il prit la parole.
« Comment va Farath, ou Slaana, comme tu veux… »
L’Avatar de l’Eau se retourna alors, et reprit son expression qu’Ulthuan ne connaissait que trop bien.
« Elle… ne va pas très bien. Ses blessures sont multiples, et je ne peux rien faire contre les entailles créées par la magie de Nauthul. Puisse-t-il être vraiment mort cette fois. J’ai senti que notre lien avec lui s’était éteint, mais avec lui, on ne sait jamais… »
« Vous aviez un lien avec lui ? »
« J’ai autre chose à faire que de t’expliquer pour l’instant. » Elle reprit son travail de lutte contre l’inéluctable. « Lorsque tu as failli tuer Nauthul il y a de ça un millénaire, il a été soigné par les Nécros qui en ont fait l’Avatar de l’Adversium. Il contrôlait toutes les failles, et est devenu un être demi-démon. Il a donc reçu un lien avec nous, ce qui explique pourquoi il a pu tous nous retrouver… »
Sarathaï envoya alors toute sa puissance vers Slaana, se coupant du monde extérieur.
Soudain, un T.I se rua sur eux. Ils avaient oublié que la bataille n’était pas terminée et qu’ils se trouvaient aux abords du port.
Ulthuan tenta de l’arrêter avec un sort, mais sa psyché torturée l’empêcha de se concentrer, et il fut projeté contre un mur, tandis que Sarathaï, qui était absorbée par sa tâche, n’avait rien remarqué.
Dakan se retrouva seul face à son ennemi, quand il se mit à pleuvoir, mais on aurait dit que ce n’était pas de l’eau. Comme des fines particules. Dakan sentit un flux dans ses mains, et il ne put en croire ses yeux lorsqu’il remarqua de minuscules décharges entre les gouttes. Ce n’était pas de la pluie.
Le T.I leva son épée et l’abattit sur Dakan.
« Le tout pour le tout… » pensa-t-il.
Et il leva la main.

Tout fut noir. Le bruit s’était tu. Finalement, mourir n’était pas si terrible. Il tenta d’ouvrir les yeux pour apercevoir ce à quoi ressemblait l’autre monde. Il fut assez surpris de voir son ennemi terrassé et le mur, explosé par le choc.
« Mais, comment… »
Il invoqua alors un sortilège, qui fonctionna. Il ne pouvait normalement plus user de magie après sa rencontre avec Nauthul à Na’Bako, et là, il avait lancé un sort des plus puissants tranquillement. A moins que…
La pluie commençait à former, non pas des flaques, mais des tas. Dakan leva alors les yeux, et comprit.
Le cristal central de Seal, volatilisé, venait d’offrir son dernier présent à Aeternia, comme un baroud final.
« SARATHAÏ !! »
Elle s’arracha à sa transe pour contempler un Dakan rayonnant de puissance.
« Mais qu’est-ce qui se passe ? Tu n’étais pas censé avoir perdu ta magie ? »
« C’est le Cristal ! Vite, il faut que tu en profites, pour sauver Slaana, Ulthuan et Kalagor ! »
« Kalagor est blessé ? »
« Oui. Il a failli vaincre Nauthul, mais au dernier moment il s’est pris un coup imprévu. »
« Un peu bête, mais brave quand même… Ulthuan devrait prendre exemple sur lui. »
« Ne sois pas trop dure avec lui. Il a lancé sans hésiter Seal dans l’Adversium. »
« Ce qui a lamentablement échoué. »
« Euh, oui… Maintenant, sauve Slaana ! »
Sarathaï était maintenant nimbée d’une aura bleutée, en accord avec les harmoniques les plus profondes de son élément. Elle déchaîna cette puissance lancinante et violente sur sa sœur, qui fut soulevée par le flux de magie, son corps se régénérant à vue d’œil. Bientôt, il ne resta de traces de son combat que sur ses vêtements.
Elle se réveilla en sursaut.
« Kalagor ! »
Dakan ne put s’empêcher de regarder Sarathaï en souriant.
« Elle, au moins, elle sait ce qu’elle veut ! »
« Oh, ça va ! Je vais le soigner. Mais qu’il essaie de me toucher, ne serait-ce que le bras, et je lui fais franchir la barrière entre l’agonie et la mort.
Lorsqu’elle s’approcha d’Ulthuan, celui-ci s’effondra dans le coma, sa tête posée sur l’épaule de Sarathaï. Dakan savait très bien qu’Ulthuan était conscient, enfin, il pouvait en profiter, après toutes ces épreuves. Et puis, au bout de 500 ans de flirt, poser une tête sur l’épaule, ça restait largement dans les limites de la bienséance. D’ailleurs, au sourire en coin de Sarathaï, elle avait aussi sa petite idée sur l’état d’Ulthuan.
« Waoh… Qu’est-ce qui s’est passé ? »
« Disons juste qu’un T.I furieux a essayé de te trucider. Mais tout va bien, et tout le monde a été soigné par Sarathaï ! » lui répondit Dakan
« Tout le monde ? »
« Oui, je crois… »
Une voix vers l’entrée de la rue les interrompit.
« Hum, hum… »
Tout le monde se retourna vers la source du son. Kalagor se tenait là, intact.
« Dakan, je te pardonne, c’est sûrement le choc. »
Il n’eut que le temps de finir sa phrase avant que Slaana se jette sur lui, en larmes.
« Je suis là. J’ai failli mourir, et puis j’ai pensé à toi, à tous les moments qu’on pourrait passer ensemble, les enfants, et tout ça… Et je me suis relevé, guéri. »
Dakan prit la parole, intéressé.
« Le cristal t’aurait-il conféré de nouveaux dons ? »
« Non non, je savais déjà soigner les gens. »
Ulthuan s’emporta : « Et quand j’étais blessé sur Ekronia et que tu n’as pas levé le doigt pour m’aider ? »
« Euh… Tu veux qu’on reparle de niveaux de confidentialité ? »
« Heu, non… »
« Slaana, c’est merveilleux, on va pouvoir faire tout ce à quoi j’ai pensé.
Il approcha sa tête de celle de la femme qu’il aimait.
« Kalagor ? »
« Oui ? »
« DANS TES REVES »
La baffe fit décoller le corps massif dans les airs, avant de s’écraser contre le sol. Kalagor était sonné.
« Pour ta gouverne, sale dragonnien puant, je préfère retrouver ma cellule plutôt que de m’installer avec toi. Quant aux enfants, tes gènes gagneraient à disparaître de la surface de l’univers ! » vociféra-t-elle.
« Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ? »
Ils se retournèrent tous. Mahag se tenait derrière Slaana, l’épée ensanglantée.
« On a gagné dans le port, mais où est Nau…hmm. »
Slaana le prit vigoureusement au col et l’embrassa. L’assistance hébétée les regarda tous deux le temps de ce baiser. Kalagor, qui se relevait, s’arrêta net.
Enfin, longtemps après, ils se séparèrent, et Slaana recula avec un air de défi dans les yeux, regardant Kalagor, tandis que Mahag se grattait le derrière de la tête avec une expression de contentement mêlée de gêne.
« Elle est caractérielle, hein ? » souffla Dakan à Ulthuan.
Dans un souffle, Kalagor se releva et partit, furieux, les cheveux virant au rouge.
« Kalagor, attends !! » Ulthuan essaya de le rattraper.
Mais il était déjà loin.
Ulthuan se retourna, en colère, contre Sarathaï, et lui lança :
« Tu ne pourrais pas dire à ta chère sœur de savoir se contenir, parfois ? »
« Ce n’est pas ma faute, Ulth’ ! »
« Tu as sans doute raison. Mais grâce à toi, ma chère Slaana, nous avons perdu un membre des plus puissants du groupe. »
« Il n’avait qu’à pas m’insulter ! Et puis, il est si orgueilleux ! »
« Tu parles quand même de celui d’entre nous qui a été le plus proche de vaincre Nauthul, et le seul à avoir deviné son plan. Il aurait mieux valu qu’il te laisse mourir dans ton bateau… A présent, je vais chercher une nouvelle terre. Sarathaï, tu viens ? »
« Ulth’, j’ai pas revu ma sœur depuis… »
« Dakan, qu’en penses-tu ? »
Mais Dakan invoqua un panneau avec la note 10 marquée dessus. Visiblement, en plus de 3000 ans d’existence, c’était le plus beau râteau qu’il ait jamais vu.
« Bien. Adieu donc. »
Et Ulthuan s’en retourna, laissant Dakan, Slaana, Sarathaï et Mahag éberlués.